« Une passion pour les cultures: leur transmission, un devoir »
Entretien et portrait par Nisma Bekkouche
Crédit photos Nisma Bekkouche
Durée du film : 15’12
Dans notre série filmée « Portrait de Femmes », voici le portrait de Ghislaine Gadjard.
Arrivée en métropole à l’âge de 12 ans, Ghislaine Gadjard passe 18 années sans se rendre dans les Départements d’Outre-Mer.
Fin 68, elle repart vivre en Guadeloupe, sa terre natale et décide de se plonger dans les pratiques culturelles de son pays en apprenant notamment le créole.
En même temps qu’une recherche personnelle Ghislaine Gadjard veut valoriser la culture guadeloupéenne auprès des Guadeloupéens eux-mêmes grâce à un travail de préservation et de diffusion du patrimoine culturel « antillais » qu’elle entreprend d’abord au sein du Conseil départemental de la Jeunesse puis au Ministère de la Culture plus tard.
Ancienne chargée mission au Ministère de la Culture et consultante à l’UNESCO, Ghislaine Gadjard a toujours défendu avec force et courage les richesses culturelles de la Guadeloupe , des DOM tout en essayant de donner à ces régions une place normale dans l’échiquier culturel français.
Nous la retrouvons chez elle à Paris où elle nous parle de ses modèles littéraires et de l’importance du devoir de transmettre ce patrimoine.
Artiste chanteuse ultramarine, Tyssia est née le 14 septembre 1980 en Nouvelle-Calédonie. Lauréate pour la Nouvelle-Calédonie du concours « 9 semaines et un jour » organisé par France Ô, elle rencontre le succès en se produisant sur de nombreuses scènes dans le Pacifique ainsi qu’en Métropole. Son premier album « Juste entre nous » sort en 2010. De passage à Paris pour la promotion de son dernier opus, « Un geste pour la vie » nous la rencontrons à Bastille où elle nous parle de sa vie d’artiste et de ses engagements humanitaires.
« Un geste pour la vie »
Entretien et portrait par Nisma Bekkouche Crédit photos Nisma Bekkouche Durée du film : 12’57
Dans notre série filmée « Portrait de Femmes », voici le portrait de Tyssia.
Née en 1922 en Guadeloupe à Basse-Terre, dans le quartier historique du « Carmel », cette entrepreneure volontaire, dynamique a été le témoin de grandes transformations sociales en Guadeloupe. Anita a eu un parcours remarquable en s’affirmant comme femme économiquement indépendante dans un contexte où le modèle dominant était celui de la femme au foyer. Agée aujourd’hui de 93 ans, elle gère son quotidien avec dextérité. Sa mémoire remarquable, son esprit vif, son sens inné de la répartie, ses connaissances éclectiques font d’elle une personne-ressource. D’abord propriétaire d’une pâtisserie, elle a bravé tous les obstacles jusqu’à créer en 1967 et diriger d’une main de maître son hôtel-restaurant de très bonne renommée : « Le Gargantua »[1].
« Une maîtresse-femme, mémoire vivante de la société guadeloupéenne »
Entretien et Portrait par : Audrey NELZIN-DE PIZZOL Crédit photos : Mr. RICHARD
Parlez-nous de votre enfance, quel a été votre cadre de vie ?
Benjamine d’une fratrie de trois enfants, orpheline à l’âge de trois ans, j’ai été élevée par mon oncle et ma tante, dans le quartier du Carmel, ville de Basse-Terre, Chef-lieu du département de la Guadeloupe.
J’ai eu une enfance heureuse. Car, mon oncle jouissant d’une certaine notoriété eu égard à ses fonctions d’inspecteur des impôts, nous bénéficions d’une relative aisance. On nous a transmis l’obligation d’une posture de réserve – surtout pour les filles! Une tenue impeccable en toutes circonstances était de rigueur.
Quels sont les faits qui vous ont marqué dans votre vie, durant votre jeunesse ?
Parmi les évènements qui m’ont marqué et qui ont aussi transformé la Guadeloupe, je citerai notamment :
Le cyclone de 1928 ; Il n’y avait pas de télévision à l’époque. L’information était battue au « son de caisse ». Un messager probablement désigné par la préfecture, était chargé des publications et informations officielles. Il passait dans les localités, en scandant : « Avis à la population ! ». Je n’avais que 6 ans, mais j’ai vu de ma fenêtre, un voisin se faire décapité par une tôle. Cette image me hante encore.
L’entrée en guerre de la France en 1939 qui a mis la colonie en émoi ; Beaucoup de jeunes gens s’engageaient. Mais, nombreux étaient ceux aussi qui cherchaient des subterfuges pour ne pas être incorporés.
L’arrivée du commandant Constant SORIN installé comme gouverneur par le régime de Vichy ;
Chargé de maintenir l’ordre dans la colonie, il est arrivé sur un bateau de guerre avec un régiment de marins. Il instaura un régime quasi dictatorial : interdiction de réunion, pas plus de deux personnes debout à parler sur la place, instauration d’un couvre-feu, de carte de rationnement…). Ce fut une époque de restrictions et de répression mais également d’ingéniosité, de débrouillardises. Les gens recouraient au troc et à la contrebande. Les guadeloupéens vivaient en autarcie.
La grande inondation de la rivière-aux-herbes en octobre 1949 a traumatisé tous les habitants de Basse-Terre…
Femme entreprenante et dirigeante d’entreprise, quelles ont été les grandes étapes de votre cursus ?
De 6 ans à 13 ans, ma scolarité s’est déroulée à l’école des filles de Basse-Terre. Par la suite, pour préparer le certificat d’études, de 13 ans à 16 ans, j’ai intégré l’école privée Gerville-Réache où se trouvait bon nombre d’enfants de notables de la ville. Cet environnement m’a beaucoup influencé et m’a permis en outre, d’établir les bases d’un véritable réseau.
De 1938 à 1940, j’ai suivi une formation en hôtellerie-restauration option « pâtisserie », comme vous dites aujourd’hui.
En 1941, j’ouvrais au Carmel « La Pâtisserie du coin » débutant ainsi ma vie professionnelle en pleine guerre. Dans ce contexte, j’obtins la responsabilité de la distribution de la farine pour les membres de la profession. En même temps, j’exerçais des activités de traiteur à la demande.
Mes premiers encouragements sont venus de haut-lieu. Ainsi, après s’être délecté d’un de mes « tourment d’amour »[2], le maire de Basse-Terre de l’époque m’a offert un livre de cuisine qui compte dans le patrimoine familial.
Vers 1954, je me suis installée à Trois-Rivières (Grand-Anse), j’ai ouvert une boutique d’alimentation générale desservant toute la campagne environnante, avec à côté un bar-restaurant. A cette époque, j’ai fait de nombreux bals et accessoirement des banquets.
A partir de 1967, de retour à Basse-Terre, j’ai ouvert l’Hôtel-restaurant le «Gargantua ». Le restaurant servait des spécialités dans le respect des traditions culinaires guadeloupéennes avec des accents caribéens comme le « Tasso de dinde » d’Haïti ou le poulet-coco. Mais le renom de l’établissement venait surtout du « Matété de crabes » et des « pâtés-crabes »[3].
Restaurant le « Gargantua » Personnel du restaurant en tenue madras
En juillet 1976, l’annonce d’une éruption volcanique cataclysmique par la professeur Claude ALLEGRE a provoqué l’évacuation de 70 000 personnes de la région du Sud-Basse-Terre. Après trois mois d’inactivité totale, j’ai pu rebondir en installant au Moule le restaurant « L’Arbre-à-pain » qui a fonctionné jusqu’en 1983-84.
En dernier lieu, la gestion de mes gîtes « Villanita » fut ma dernière activité professionnelle.
Quelles sont les motivations qui ont guidé votre vie, vos actions ?
Ma motivation première était de gagner ma vie en toute indépendance. Partie de rien, j’ai accumulé un petit capital sous par sous dans le but de créer un commerce ayant pignon-sur-rue. J’ai dû aussi faire preuve d’audace notamment quand il a fallu obtenir un prêt bancaire pour le « Gargantua ».
Mère de 5 enfants, je me devais d’être une femme debout, un modèle de réalisation par la volonté et le travail.
Jury principale à l’école hôtelière de la ville de Saint-Claude, j’ai transmis ces mêmes valeurs à mes nombreux stagiaires. L’idée que l’exercice de l’art culinaire, l’art de la table exigeaient créativité et raffinement.
Quels sont vos autres centres d’intérêt ?
Douée d’une grande curiosité, je suis une autodidacte. J’aime la lecture, les sorties de tous ordres (théâtre, conférences, expositions…). J’apprécie toutes les occasions d’échanges et de rencontres. Et, j’éprouve encore à mon âge avancé, le désir de découvrir des choses, des cultures différentes.
Avez-vous voyagé en dehors de votre île ?
Oh oui ! J’ai parcouru plusieurs îles de la Caraïbe : la Dominique, Haïti, Saint Domingue, autant pour la découverte des arts culinaires que pour le commerce. Dans un cadre touristique, j’ai voyagé en France (surtout la région du bordelais), en Espagne, en Angleterre.
Anita Bazin en Haïti, hôtel chemin des dalles à Port-au-Prince / Palais résidentiel du dictateur Duvalier dit « Papa doc » en Haïti (aujourd’hui entièrement détruit)
D’autre fois, c’est le monde qui est venu à moi grâce aux rencontres d’étrangers de passage dans mon hôtel. Par exemple, il était courant que les commandants de bateau réservent leur table pour déguster de la cuisine créole traditionnelle.
J’ai eu l’honneur entre autres, de préparer un repas de réception pour le ballet national de la Haute-Volta, aujourd’hui Burkina-Faso.
Comment voyez-vous le rôle de la femme d’Outre-Mer et son implication dans la société ?
La femme d’une façon générale ne doit pas se limiter. Dans nos îles, il est vital pour la femme de sortir des quatre murs de sa maison. La position d’insularité limite déjà beaucoup. Elle doit être active, forcer le respect, refuser l’assistanat qui chosifie.
Faire pour soi et par soi-même, animée du désir d’Être, pour contribuer à l’essor de notre société. En tout état de cause, l’instauration de la parité homme/femme dans tous les domaines crée des opportunités que les femmes doivent saisir grâce à leur éducation.
Qu’aimeriez-vous transmettre aux générations futures ?
Ayez une foi indéfectible. Soyez positive en toutes circonstances car, il faut savoir que demain est encore loin ; c’est-à-dire qu’on peut toujours infléchir les choses dans le bon sens.
Que voulez-vous ajouter ?
Je dirais avec mère Thérésa que « La vie est un défi à relever, un bonheur à mériter, et une aventure à tenter ».
[1] En référence au personnage de François RABELAIS, Géant très goulu, « fin-bec », amateur de bonne chair.
[2] Pâtisserie locale originaire de l’île des Saintes, dépendance de la Guadeloupe.
« De la banane au cosmétique, valoriser son patrimoine naturel »
Entretien et portrait par Nisma Bekkouche
Crédit photos Nisma Bekkouche
Durée du film : 12’00
Dans notre série filmée « Portrait de Femmes », voici le portrait de Shirley Billot.
Jeune quadragénaire, diplômée en économie, Shirley Billot travaille pendant 7 ans dans la gestion de projet en Europe avant de retourner aux Antilles, où elle travaille dans le téléachat et la distribution de gros.
Le mouvement social qui a secoué les Antilles en 2009, la fait réfléchir sur l’avenir des Antilles et fait émerger en elle une idée, utiliser un végétal du patrimoine naturel antillais, le bananier, à des fins cosmétiques.
A l’occasion de la journée de la femme, nous l’avons rencontrée à la Maison de la Martinique où elle nous parle de la banane qu’elle valorise et exploite.
Dans notre série filmée « Portrait de Femmes », voici le portrait d’Angélique Zettor.
A seulement 29 ans, Angélique Zettor est à la tête de Genymobile, une entreprise qui emploie 48 salariés entre Paris, Lyon et San Francisco.
Née en banlieue parisienne, la jeune Angélique est originaire de Saint-Louis de la Réunion.
Cette diplômée de l’Ecole de management de Paris (ISC), est d’abord ingénieur d’affaires dans une entreprise qui oeuvre dans l’informatique avant de monter sa propre boîte.
A la veille de son départ pour San Francisco, elle nous reçoit dans les locaux de Genymobile à Paris pour nous parler de son parcours professionnel et de sa passion d’entreprendre.
« La tête dans les étoiles mais les pieds sur terre ».
Entretien et portrait par Tchisseka LOBELT
Aimée Cippe au pupitre en salle Jupiter
Lorsque l’on croise Aimée Cippe, visage juvénile, sourire lumineux vêtue de jolies robes colorées, on est loin d’imaginer que depuis le 21 septembre 2011, cette jeune femme est aux commandes des lanceurs européens comme Ariane 5, Soyouz ou Vega.
Les lancements Ariane 204 (ARABSAT-5C et SES-2), VV01 (LARES-CubeSats, ALMASat-1), Ariane 208 (INTELSAT 20 et HYLAS 2), VV02 (PROBA V et VENERDSat-1) et VS06 (gaia) sont à mettre à l’actif de cette Guyanaise qui, à 37 ans, devenait la première femme Directeur des Opérations du CNES/CSG, autrement dit aux commandes des départs de fusées.
Le DDO pilote une campagne plusieurs mois en amont avant le jour « J » du lancement dit « J0 ». Son travail consiste à coordonner la mise à disposition des moyens opérationnels (télécommunications, logistique, transport, mesures, formations, etc) qui seront nécessaires aux clients satellites pour la préparation de leur charge utile en Guyane mais également de la configuration de la Base pour la chronologie finale de lancement. L’objectif final étant le jour du lancement où le DDO, tel un chef d’orchestre au centre de contrôle en salle Jupiter, assurera la coordination opérationnelle des équipes aux manettes des opérations des moyens techniques qui concourent à un lancement de fusée. Mission qui se doit d’être réussie pour le plus grand bonheur des clients satellites, personnalités locales, industriels présents mais également de l’ensemble des spectateurs et téléspectateurs émerveillés par le Spatial.
Chimiste de formation par la filière universitaire, entrée au Centre Spatial Guyanais (CSG) il y a 14 ans, Aimée Cippe débute comme ingénieur au service sauvegarde et environnement. Elle y reste pendant 5 ans durant lesquels elle a mené à bien le projet de certification du management environnemental du CNES/CSG (norme ISO14001). Elle a poursuivi durant les 5 années suivantes au service Support/Clients en tant que responsable d’activités des moyens Laboratoires. Durant cette période, elle exerçait également la fonction de responsable moyens charge utile, un des adjoints du DDO en campagne satellite. Puis c’est tout naturellement que sa hiérarchie lui a demandé de tenter sa chance en tant que DDO.
Ayant postulé au poste de DDO sans trop y croire, « j’ai mis presque un mois avant de donner ma lettre de candidature. J’avais besoin de réfléchir, de faire le tour de la question car lorsque je m’investis dans un domaine ce n’est pas pour échouer ». D’un caractère bien trempé, elle reconnaît être déterminée, volontaire, et allant jusqu’au bout des choses « je ne crois pas avoir un jour laissé quelque chose en suspens », déclare-t-elle prête à relever ce challenge. Au sein de la base, ses collègues guyanais sont fiers d’elle et la soutiennent. La hiérarchie lui fait confiance, elle est nommée à cet important poste à responsabilités. En effet, depuis quelques années déjà, le CNES a toujours soutenu les jeunes Guyanais soit au travers de soutiens boursiers ou au travers de sa politique d’embauches locales en y faisant une priorité. Cela permet aux jeunes diplomés de rentrer au pays et de s’investir…
Mais Aimée Cippe n’est pas du genre à avoir la grosse tête. « Je suis restée égale à moi-même. Depuis que je suis passée DDO, les gens m’abordent naturellement pour discuter. Je reçois des marques de soutien de la part de mes collègues quand je suis en campagne ce que j’apprécie grandement. Dans les rues, en Guyane, bien que les gens me reconnaissent, j’essaie de passer inaperçue, je sors peu. En revanche, ce que j’espère serait de pouvoir marquer l’esprit de certains jeunes et tant mieux si cela permet d’engendrer d’éventuelles vocations plus tard ».
Cette Guyanaise est un pur produit du métissage de ce territoire, avec un père créoleoriginaire de Ouanary (Est guyanais) et d’une mère indonésienne javanaise. Aimée a passé toute sa jeunesse à Cayenne. Son parcours est classique, des études au lycée Félix Eboué, puis elle entame des études universitaires qui la conduiront à Toulouse, Avignon puis Limoges où elle obtiendra son Diplôme d’Études Supérieures Spécialisées en chimie et management de l’environnement.
Son métier, très prenant, se conjugue difficilement avec une vie de famille. En effet, le poste de DDO demande un investissement sans faille durant une campagne de tir. « Il est difficile de concilier le tout, on sait quand on part mais pas quand on rentre ».
Aujourd’hui ses distractions favorites sont le cinéma, elle apprécie les films d’aventure ou d’espionnage. Également les lectures sur le développement spirituel de soi. Sportive, elle pratique la natation, le vélo, s’adonne à la chasse lorsque les occasions se présentent.
Femme active toujours partante pour mener de nouvelles expériences, depuis un an Aimée Cippe a quitté sa terre natale pour une nouvelle expérience professionnelle au Cnes à Paris Daumesnil. Cette mobilité représente pour elle un nouveau challenge tant sur le plan professionnel que personnel.
Comme souhait, elle exhorte les jeunes à poursuivre des études, surtout à aller au bout des choses, à ne pas hésiter à acquérir des compétences, de nouvelles expériences et à ne pas rechercher uniquement la facilité grâce aux aides de l’Etat. Il n’y a pas de sous métiers, l’essentiel est d’exercer un métier qui nous plait et être autonome financièrement. « Savoir gagner son pain à la sueur de son front »!
Il faut qu’ils concrétisent leurs idées, leurs rêves, qu’ils soient courageux et créent des entreprises et ainsi contribuent au développement économique de leur beau pays qu’est la Guyane. Ne jamais baisser les bras face aux difficultés qu’ils rencontreront sur leur chemin.
Chasse et tradition
Proche de la tradition, fan de folklore, issue d’une famille de tanbouyens, dont l’un des tenants est Reno Cippe, cousin de son père, ainsi qu’Emilie Sébéloué, tous deux piliers de la musique traditionnelle locale, Aimée Cippe n’hésite pas dès qu’elle en a l’occasion à participer à des soirées tanbou. « J’aime danser, m’habiller en tenue traditionnelle madras ».
Son péché mignon, la cuisine. Elle réalise des plats javanais, le colombo local, le bouillon « wara » qu’elle préparait déjà sur une péniche à Toulouse lorsqu’elle était étudiante. Assez rare pour une femme en Guyane, elle pratique la chasse qu’elle adore et prépare du gibier, cochon bois, agouti, iguane…
La tête dans les étoiles mais les pieds bien sur terre, Aimée Cippe est une femme proche de la nature qui aime nager, courir, danser, en somme des joies simples qui complètent son équilibre personnel…
Situation de famille:
Née le 1er Janvier 1943 à Saint Denis de la Réunion
Veuve, trois enfants, six petits-enfants.
Situation sociale:
Institutrice Spécialisée (Déficients Intellectuels)
Retraitée depuis 1990
Temps libre :
Association humanitaire (Fondation Abbé Pierre)
Visite aux personnes âgées dans les Centres de Retraite)
Membre du G .D .I .R (Groupe de Dialogue inter- religieux)
Groupe de Paroles Solèy dann Kèr… Partage
ENTREE EN ECRITURE 1998
KASPA MON SIEL
Recueil de Poèmes Editions UDIR 1998
AKOZ AKOZ
Recueil de poèmes Editions UDIR 2000
LETTRE à MOUNA
Récit de Vie
Editions UDIR 2005
RAVNAL MON FANAL
(Récit de Vie)
Editions UDIR septembre 2009
PUBLICATIONS EN RECUEILS COLLECTIFS
-POSTESIE Lauréate du concours organisé par la Poste Paris- Ouest)
-LE JOURNAL DE LA PAIX Ministère de la Jeunesse et des Sports
Editions Pitons des Neiges Année 2000
-POEMES D’ELLES Editions UDIR
-VERS D’AUTRES ILES «
-LES ILES REBELLES «
-POEMES POUR LE MILLENAIRE «
-CONTEURS ET SLAMEURS «
– Poèmes pour Haïti 2010
CONCOURS LITTERAIRES:
Académie du VAR (2ème accessit en Poésie)
Association du Pays d’ OLMES
LE FRANÇAIS COMME ON L’AIME : Diplôme
CONCOURS Christian Vidal: Diplôme pour un Recueil de Poèmes
PRESENCE aux Salons du Livre à Paris et aux Salons de la Jeunesse (Réunion)
INTERVENTIONS
Collèges
Lycées
Ecoles Primaires
Université de la Réunion
Médiathèques (rencontres avec le public)
Centre Pénitentiaire de la Ville du Port
-Formation pour adultes en difficulté (Saint-Benoît)
-Formation pour Educateurs Spécialisés (IRTS de Saint-Benoît)
POESIE ET CALLIGRAPHIE
-Stage de poésie pour professeurs de collèges et lycées. (Médiathèque du Port)
-Marraine du Projet Concours de Poésie de l’ONF: Printemps des Poètes 2011
Atelier de calligraphie et de Poésie.- Foyer Joinville juillet-Août 2011-
ATELIERS D’ECRITURE
-Atelier d’écriture au Conservatoire Régional avec les stagiaires de la Section Musique réunionnaise.
– Mai 2011: En collaboration avec les Médiathèques et Bibliothèques : Atelier d’écriture- jeunesse. Thème : La Correspondance : « Ecrire une lettre à sa mère »
– Atelier d’écriture pour des conteurs adultes en collaboration avec Henri Cazaux (Conteur venu de Métropole)
Durée: une semaine au Jardin botanique des Colimaçons.
Les contes créés seront présentés au public lors d’une séance de restitution en décembre 2011 dans un recueil«des Contes et couleurs»
Une traduction créole est envisagée pour les contes de ce recueil.
UNE REUNIONNAISE POTO MITAN
Pourquoi ce titre dévolu habituellement à l’Antillaise, celle qui s’incarne aussi bien dans les héroïnes célèbres de l’histoire et de la légende que dans celles plus obscures du quotidien, de « la vie humble aux travaux ennuyeux et faciles » dont parle le poète, les mères que nous exaltons et respectons ? Ce titre dit le rôle capital de la femme dans nos sociétés îliennes, elle qui a toujours été présente et a toujours pris une part active dans le travail de résilience de nos peuples dès leur sortie de l’esclavage et de la colonisation.
Ces femmes existent aussi à la Réunion, je les ai rencontrées. Mythiques ou réelles, ces battantes, qui savent souffrir et se redresser, qui savent lutter et se débattre contre la double aliénation du legs de l’esclavage et de la phallocratie ordinaire. Cafrines, Créoles métissées, « Zarab », Malabaraises, Chinoises, Blanches des Bas et des Hauts, elles contribuent par l’étude et le combat militant à la marche à pas forcés des îles de l’Océan Indien vers les lendemains de la liberté et de l’épanouissement de l’humain. On les retrouve partout : en milieu syndical et politique, dans les réseaux associatifs, dans le monde du travail, de l’agriculture au fonctionnariat, de l’éducation à l’entreprise. Elles consacrent leur temps et leur énergie à leur cause, leur emploi, leur vocation familiale, menant sur tous ces fronts le projet du rayonnement de leur île au monde.
Parmi elles, distinguons Madame Danièle Moussa.
Femme de lettres, militante associative, exemplaire dans sa carrière difficile d’institutrice spécialisée, elle a, dès sa retraite, choisi de se consacrer aux humbles, aux déshérités, a rejoint les équipes admirables qui s’efforcent avec peu de moyens et une grande abnégation, de soulager la détresse des SDF, des chômeurs, des mères célibataires sans ressources, de la jeunesse perdue, toute une frange de la population que nos sociétés de progrès abandonnent aux frontières de la délinquance et de la misère tant physique que morale.
Foi chrétienne chevillée au corps (et à l’âme), Danièle travaille aussi à ériger cette image de l’être humain pacifié qui refuse les clivages faciles liés aux différences politiques et religieuses. C’est la raison qui m’a poussée à parler d’elle, alors que cette année 2015, que nous avons souhaitée il ya peu, belle et bonne, est entrée _ toute jeune de deux semaines _ dans une phase de haine et de mort.
Je veux dire d’abord son mariage d’amour avec un musulman. Ce couple que la mort a tragiquement interrompu a été symbole de tolérance, de respect mutuel, d’harmonie exemplaire pas toujours comprise et acceptée. D’autre part, cette grande dame, bien connue et appréciée pour son altruisme et son dévouement, pour son sens de l’amitié, aussi attentive que fidèle, fait partie de ceux qui ne se laissent pas prendre au piège du fanatisme et de l’intolérance. Avec ses partenaires du Groupe de Dialogue Inter Religieux, elle veut prouver, avec entêtement et humilité, leurs vertus cardinales, que les religions doivent unir et non séparer. Elle est de ceux qui veulent défendre une image de la Réunion, exemple de cohabitation harmonieuse, qui font mentir le cliché d’une Réunion, escale pour touristes en mal de soleil et de farniente.
Mais laissons la parole à Danièle. La femme qu’elle nous révèle n’est pas cette nonchalante qui se berce dans un hamac, promesse de sensualité et d’insouciance à quoi on veut réduire « les filles des îles ».
Ecoutons ce propos qui révèle le courage et la ferveur d’une femme debout, d’une femme courage : en nous racontant un peu de son itinéraire spirituel, c’est un des itinéraires possibles de la femme réunionnaise que nous rapporte Danièle Moussa.
PAROLE DE DANIÈLE MOUSSA
Parler de soi est chose difficile.
A mon âge, je me regarde et je me demande : « Qui es-tu, Danièle ? Où vas-tu ? Qu’attends-tu de la vie ? »
Je suis née un 1er janvier 1943 à Saint-Denis de la Réunion. J’ai été élevée dans une famille chrétienne. Nous étions 7 enfants. Nos parents nous ont inculqué de vraies valeurs : l’amour, le respect du prochain, surtout le sens du partage…
… Quant à moi, j’ai réalisé mon rêve en devenant enseignante. J’ai consacré 28 ans de ma vie à l’éducation d’enfants inadaptés, caractériels, trisomiques.
A l’âge de 27 ans, j’ai épousé un musulman. On ne parlait pas encore de l’Inter-religieux en 1970 ; je vous laisse imaginer les difficultés auxquelles nous avons été confrontés tous les deux. L’amour étant le plus fort, nous avons opté pour un mariage mixte, ce qui nous permettait de réaliser notre amour tout en restant fidèles à nous-mêmes et aux valeurs qui nous avaient été transmises, à notre croyance, à notre façon de prier Dieu.
Nous pratiquions et vivions nos religions respectives dans la complicité et le respect. Nous passions de l’Eïd à Pâques, de Noël au Ramadan, sans problème.
Dans le grand puzzle de ma vie, Idriss _ c’était son prénom _ était la pièce juste que Dieu avait préparée pour moi…
Jusqu’à son décès, 8 ans après notre mariage…
Je me retrouvai seule avec trois fillettes âgées respectivement de 7, 5 et 2 ans.
Ma mère me répétait qu’un croyant a le droit d’être parfois découragé, mais jamais désespéré… Ainsi, je restai accrochée à Dieu de toutes mes forces.
Bénéficiant d’une retraite anticipée en 1990, à l’âge de 47 ans, cela m’a permis d’élever mes enfants et de vivre ma foi de façon active, au service des sans-abris, comme bénévole à la Fondation Abbé Pierre.
J’ai eu le privilège de rencontrer l’Abbé Pierre lors de son passage à la Réunion. J’ai fait mienne une de ses devises : « Quand tu souffres, aime plus fort ». C’est ainsi que j’ai essayé d’aimer le plus fort possible les sans-abris pendant les huit années que j’ai passées à la Boutique Solidarité de la Fondation Abbé Pierre. C’est sans aucun doute grâce à eux que j’ai pu me remettre debout, retrouver la joie de vivre, consolider ma foi, apprendre à regarder l’Autre et à ne pas avoir les yeux fixés sur ma petite personne…
Il y a trois ans environ, j’ai découvert le Groupe de Dialogue inter-religieux et je le vis comme un berceau de tolérance, d’humilité. Ici, parmi mes frères croyants, je cherche à étancher la soif de mon âme, non pas en descendant le fleuve de ma vie mais en remontant vers la source qui mène à Dieu.
Montage et commentaires de Julienne SALVAT pour l’association Femmes au-delà des Mers
Dans notre série filmée « Portrait de Femmes », voici le portrait de Sylvia FELD-PAYET.
Sylvia Feld-Payet est née à l’île de la Réunion où elle a grandi et fait toute sa scolarité jusqu’aux classes préparatoires .
En 2011, à 27 ans Sylvia Feld-Payet intègre le prestigieux centre de recherche scientifique aérospatiale, l’Office National d’Etudes et de Recherches Aérospatiales (ONERA). Elle travaille actuellement sur deux thématiques : la simulation numérique et l’analyse d’images expérimentales, et espère obtenir l’habilitation à diriger des recherches.
Elle nous reçoit dans son bureau à l’ONERA et nous raconte son rêve d’enfance aujourd’hui réalisé, travailler dans l’aérospatiale. Elle évoque son parcours professionnel en métropole où son île natale est présente à tout moment.