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Suzanne - arlette pujar

Arlette Pujar – Suzanne – Une trajectoire de vie (An didan an dewo)

«Suzanne – Une trajectoire de vie (An didan an dewo)»deuxième roman d’Arlette Pujar, inspiré d’une histoire vraie et se déroulant dans le contexte socio-historique particulier de la Martinique post esclavage des années 1930 – 2018, apporte un vibrant témoignage de la recherche de réponses aux grandes questions existentielles. Il met en évidence la quête de plénitude, de paix intérieure, d’affection, d’amitié, d’amour. Il magnifie le douloureux désir de dépasser, de sublimer les manques affectifs, d’autant plus, que ceux-ci sont enveloppés dans des difficultés matérielles poignantes, ce qui alimente l’angoisse de vie.

C’est dans ce contexte qu’interviennent les actions de régulation sociale collective, lesquelles sont confrontées à la problématique universelle, intemporelle et omniprésente de la Vie et de la Mort.

  • Article de presse sur Suzanne
    Article de presse sur Suzanne
  • Article de presse sur Suzanne
    Article de presse sur Suzanne
  • Couverture du livre
    Couverture du livre
  • Arlette Pujar
    Arlette Pujar

 

Arlette Pujar

Docteure en droit public, Arlette Pujar est actuellement Directrice Régionale du Centre National de la Fonction Publique Territoriale (CNFPT) – Délégation Martinique. Elle est, par ailleurs, enseignante-chercheure à l’Université des Antilles et coache professionnelle.

Auteure, nouvelliste et essayiste passionnée de l’histoire des habitants de son pays, la Martinique, elle nous plonge, avec ses romans « Vini Vann ! La boutique de Manzel Yvonne » et  «Suzanne: Une trajectoire de vie (An didan an dewo)», dans la vie d’une Martinique souvent cachée.

« J’ai envie de partager cela avec les personnes qui ont vécu cette période et les plus jeunes qui ne l’ont pas connu aussi.» a t-elle dit lors d’un entretien pour Antilla.

Femme d’au-delà des mers, au parcours inspirant, Arlette Pujar porte à cœur la transmission de l’histoire de personnages, de commerces de quartiers, la vie de nos aînés afin que leur souvenir soit perpétué. Dans son activité littéraire des co-productions on retient notamment :

  • un ouvrage sur les 30 ans de la loi littoral publié chez l’Harmattan
  • un ouvrage sur la coopération publié chez L’Harmattan
  • l’Ouvrage La Martinique face aux défis du XXIe siècle publié par le groupe L’ouverture en février dernier 

Son parcours a également été salué par 2 distinctions :
– celui de l’Ordre National du Mérite
– celui de l’Ordre National des Arts et des Lettres

Roman à découvrir chez les Editions SYDNEY LAURENT
Nombre de pages : 249
Langue : Français
ISBN 9791032615966

Sabine Quindou

Sabine Quindou

Journaliste, auteure, réalisatrice et metteuse en scène, Sabine Quindou, d’origine martiniquaise, nous partage ses magnifiques projets jeune public à La Seine Musicale à Paris et en Outre-Mer.

Elle nous parle également de son parcours et de la force et de la fierté que lui procurent ses racines.

Retrouvez ses prochains concerts interactifs avec Simon Zaoui pour jeune public (à partir de 7 ans) à La Seine Musicale sur le lien suivant : https://www.laseinemusicale.com/spectacles-concerts/le-classique-du-dimanche_e1202
Et toute l’actualité de Sabine Quindou ici : https://www.sabinesorcieresetcompagnie.org/

Portrait par Femmes au-delà des Mers

 

Journées du Matrimoine 2021

En prolongement à notre colloque Matrimoine d’au-delà des Mers au Sénat, Femmes au-delà a le plaisir de vous faire part de la pièce d’Edith Vallée, « Héloïse et Abélard, autopsie d’un mythe», inscrite cette année au programme de HF Île-de-France pour les Journées du Matrimoine 2021.

Vous pourrez retrouver les représentations de ce couple mythique, qui rejoint dans les mémoires Tristan et Iseult ou Romeo et Juliette, le 18 et 19 septembre à 15h, rue du Sommerard, 75005 Paris.

Inscription gratuite sur : https://www.helloasso.com/associations/hf-ile-de-france/evenements/journees-du-matrimoine-2021

 

Journées du Matrimoine 2021
Egalement au programme, l’Espace des femmesAntoinette Fouque, vous invite au 35 rue Jacob, 75006 Paris de 17hr à 18hr pour des lectures de textes des XIXe et XXe siècles sur le travail de création par des comédiennes et des créatrices elles-mêmes.

 

 

Retrouvez toutes les informations sur : www.lematrimoine.fr/blog/programme-ile-de-france-2021  et la préinscription obligatoire uniquement sur : www.helloasso.com/associations/hf-ile-de-france/evenements/journees-du-matrimoine-2021

 

Très belles Journées du Matrimoine à vous toutes!

Femmes au-delà des Mers, prix de la délégation aux droits des femmes du Sénat remis à la rentrée 2020

Le prix de la délégation aux droits des femmes du Sénat 2020 a été décerné à l’association et à sa présidente Gisèle  Bourquin pour saluer un « combat citoyen pour construire des ponts culturels entre femmes de métropole et ultramarines ».

Cette distinction récompense des années d’engagement et nous tenons à vous remercier chaleureusement pour votre soutien indéfectible.

Cette récompense prestigieuse nous motive à continuer notre action, en élargissant, notamment, notre périmètre d’intervention. En effet, de nouveaux projets s’annoncent, toujours dans la volonté de valoriser les femmes des territoires d’Outre-mer et de contribuer à la transmission de savoirs matériels et immatériels.

Restez connectés sur nos réseaux !

(de gauche à droite) Michelle Perrot,  Luc Frémiot, Gisèle Bourquin et Grégoire Théry.
(de gauche à droite) Michelle Perrot, Luc Frémiot, Gisèle Bourquin et Grégoire Théry.
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Projet « Anonymes » (F93) – Les Escales de la vie de Gisèle Bourquin par la classe de 4eA d’un collège de Montreuil

Riche discussion entre une collégienne curieuse et Gisèle Bourquin
Riche discussion entre une collégienne curieuse et Gisèle Bourquin

De novembre 2018 à juin 2019, l’Association F93 a porté un projet autour de la notion d’Anonymes. Il s’agissait pour les classes concernées de reconstituer les vies passées « d’anonymes » et « questionner ainsi le rapport de l’histoire avec des individus peu ou mal connus ».

C’est dans ce sens que Mylène Mauricrace, doctorante (EHESS/CIRESC), est intervenue dans une classe de 4ème d’un collège de Montreuil avec leur professeure Véronique Servat. Pendant, neuf mois Mylène a guidé les élèves dans la notion de recherches en sciences humaines afin de retracer le parcours de vie de Gisèle Bourquin, femme des Outre-Mer. Si au départ, ce nom ne parlait pas aux élèves, c’est en se plongeant dans les textes des historiens et historiennes ainsi que dans les indices et sources de leurs « anonymes » qu’ils et elles ont pu aboutir à une ligne de vie finale.

C’est en saisissant donc la notion d’archives que les élèves se sont lancé.es dans une enquête sur leur « anonyme » afin de savoir qui était Gisèle Bourquin ? Que faisait-elle ? Son parcours a-t -il eu un impact sur la société dans laquelle ils et elles vivent aujourd’hui ?

Après s’être plongé.es dans les archives personnelles de Gisèle Bourquin, les élèves ont pu enfin rencontrer leur interlocutrice. Ce moment d’échange s’inscrivait dans une démarche de récolte d’un témoignage oral et est également ancré dans une perspective d’enquête au plus proche de l’intéressée.

Tous ces éléments ont été complétés par un travail de recherche accru à l’aide de différents supports, notamment le fonds des Archives Nationales de Pierrefitte où les élèves ont pu se rendre et être guidé.es par Gabrielle Grosclaude.

Cette ligne de vie terminée, les élèves en sortent avec une autre approche de la recherche historique mais, surtout, avec des éléments de connaissance sur les Outre-Mer qui ne sont pas des moindres.

De droite à gauche : l'enseignante Véronique Servat et la présidente de FAM Gisèle Bourquin.
De droite à gauche : l’enseignante Véronique Servat et la présidente de FAM Gisèle Bourquin.

Le texte suivant a été rédigé par Véronique Servat :

« L’histoire scolaire a ceci de frustrant qu’elle a (trop) souvent tendance, pour une multitude de mauvaises raisons (l’encyclopédisme des programmes, la difficulté à faire parfois entrer des archives et des sources dans la salle de classe par exemple), à délivrer aux élèves un récit ficelé du passé qui lisse voire dissimule les échafaudages qui permettent aux historien-nes de l’élaborer selon une démarche qui leur est propre.

Les programmes scolaires étant eux-mêmes un récit choisi du passé, ils laissent encore trop peu de place aux figures anonymes de l’histoire qui en sont pourtant des moteurs, qu’elles agissent collectivement ou individuellement. Les Outre-Mer y tiennent une place, hélas, marginale.

Le projet pédagogique Anonymes proposé par la F93 m’a séduite car j’espérais qu’il puisse me permettre de déjouer ces pièges de l’histoire scolaire, ce que je ne parviens pas toujours à faire dans mes pratiques de classe. Sous la conduite de Mylène Mauricrace, les élèves de 4èmeA sont entrés dans l’atelier des historien-nes, ils-elles ont collecté au fil de l’année différentes sources parmi lesquelles le témoignage de Gisèle Bourquin, mais aussi des archives plus techniques issues des fonds du site de Pierrefitte, afin de les confronter les unes aux autres. Ce travail les a conduit-es à contextualiser leurs documents et la trajectoire de vie de Gisèle Bourquin. Ce faisant, ils-elles ont découvert les Outre-Mer dans leur géographie – comme une escale vers le monde – dans leur épaisseur historique – comme un voyage dans le passé – dans la puissance de leurs voix – comme autant de jalons dans itinéraire intellectuel, culturel et poétique.

Avec les traces collectées, les élèves ont tenté de restituer au plus près un parcours de vie, s’emparant de différentes formes d’écriture de l’histoire. A l’appui de leurs textes et de l’iconographie qu’ils-elles ont sélectionné (de carte, de photos) ils ont donné forme à une ligne de vie produite affichée sur un des murs du premier étage du collège surplombant le hall central.

Avec ce travail, les rencontres avec Mylène Mauricrace, Gisèle Bourquin, et Matthieu Marion, qui a apporté toute sa logistique au projet, les élèves ont pleinement pris conscience, je crois, de l’impossible linéarité et fatalité de l’histoire, de la multiplicité des trajectoires, de la nécessité de l’altérité et de la culture pour être au monde. Le rayonnement et la méthodologie extraordinaires de Mylène les a conduit-es à cheminer avec appétit dans toutes les étapes du travail à mener. La présence régulière de Gisèle Bourquin à leurs côtés fut leur autre boussole. Une des sections de la ligne de vie confectionnée par les élèves s’intitule L’autre et le monde comme horizon ; cet intitulé ne déplairait ni à Glissant, ni à Césaire. Il dit assez bien ce à quoi nous nous sommes consacré-es cette année, l’enthousiasme des élèves et leur investissement dans cet horizon en ont fait une expérience pédagogique et personnelle assez unique. »

Les collégiens contemplent l’exposition.
Les collégiens contemplent l’exposition.
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Matrimoine d’au-delà des Mers au Palais du Luxembourg

Le 2 décembre 2019, Femmes au-delà̀ des Mers a eu le privilège de célébrer ses 10 ans lors d’une soirée sous le haut patronage de Gérard Larcher, Président du Sénat, dans les salons de Boffrand. Lors du colloque ayant pour thème Transmission de l’héritage culturel des femmes, des femmes des Outre-mer, des personnalités politiques et culturelles ont échangé́ sous la modération, harmonieuse et documentée de Gérald Prufer.

En ouverture de soirée, Madame Annick Billon, Présidente de la Délégation Sénatoriale aux Droits des Femmes a donné́ le ton en faisant un portrait de Eugénie Éboué́-Tell, députée de la Guadeloupe et épouse du gouverneur Félix Éboué́. Suivant cette première évocation d’une femme ultramarine exceptionnelle, Madame Gisèle Bourquin, Présidente de Femmes au-delà̀ des Mers, a fait une rétrospective des principales réalisations de ces 10 dernières années.

Femmes au-delà̀ des Mers a toujours eu le souci de valoriser les savoirs des femmes des Outre-mer et leurs contributions à la société́ française. A ce stade de l’évolution de l’association, la transmission de ce matrimoine s’avère nécessaire.

Deux tables-rondes ont mis en lumière des femmes détentrices d’un héritage qui façonne l’identité́ culturelle des Outre-mer et de la France métropolitaine. Les différents domaines dans lesquels s’illustrent des ultramarines depuis des siècles ont été́ présentés à la fois dans le patrimoine privé, des femmes étant les détentrices de savoir-faire traditionnels, mais aussi dans le patrimoine public et dans des secteurs autant politiques que sociaux et culturels. Cette émergence de figures féminines occulte pourtant une longue histoire de marginalisation de ces femmes, à l’instar des sœurs Nardal, pionnières de la Négritude, mais dont seul les noms d’Aimé Césaire et de Léopold Sédar Senghor ont été́ retenus dans la naissance de ce mouvement. Il y a donc une nécessité́ impérieuse de faire connaître le rôle central et essentiel de ces figures féminines dont les travaux ont été́ ignorés ou attribués à̀ des hommes.

Comme l’a rappelé́ Maître Catherine Marceline lors de son intervention : « Si aujourd’hui nous voulons véritablement faire apparaitre ces femmes et qu’à côté́ du patrimoine, il y ait un matrimoine, c’est en faisant ce que nous faisons aujourd’hui » [cet évènement]. C’est dans cet esprit qu’avec le concours d’hommes et de femmes de tous horizons que Femmes au-delà̀ des Mers fait émerger des portraits de femmes qui ont montré́ le chemin et servent de modèles. Ainsi, ce colloque fut l’occasion de souligner l’importance de la transmission du souvenir de femmes d’exception, de leurs savoirs, de leurs gestes ancestraux et de leurs idées innovantes dans l’espoir d’honorer leur mémoire et de perpétuer leur matrimoine.

Revivez l’évènement en photos (cliquez sur les photos pour afficher le diaporama) :

La soirée a été diffusée en direct sur nos réseaux sociaux ! Revivez les 10 ans à travers plusieurs tweets et articles emblématiques !

Articles :

https://www.parlement-ecrivaines-francophones.org/matrimoine-oh-oui/

https://www.facebook.com/profile.php?id=100010238384793 https://la1ere.francetvinfo.fr/polynesie/femmes-outremer-matrimoine-777763.html https://www.facebook.com/144242872897363/posts/468406050481042?d=n&sfns=mo

Tweets :

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Foulees-IDF-2019-p

FAM et les Foulées de l’IDF 2019

Foulees-IDF-2019FAM était bien représentée lors des foulées de l’Ile de France, le 7 Juillet 2019 au bois de Vincennes, à l’invitation de Mr Ambrosio, président de l’association organisatrice Accolade.

Les participants aux courses à pieds de cette manifestation sportive, sont des compétiteurs de différents niveaux s’affrontant sur des parcours de longueurs variées. C’est une compétition reconnue de haut niveau et classée au sein de la fédération nationale.

25 femmes et 11 hommes arboraient le logo de FAM.

Un stand a été attribué à FAM. FAM a pu présenter ses objectifs, via la présence de ses adhérents, ainsi que par des affiches de grandes figures féminines du sport issues de l’outre -mer, des cartes de visites, de la documentation, des goodies et bien sur des fiches d’adhésion : 60 personnes au total avec lesquelles avons pu dialoguer, échanger et parler de nos perspectives.

Cette manifestation a été également l’occasion d’échanges avec d’autres associations présentes qui ont des compétences à partager avec FAM.

Gisèle Bourquin, présidente de FAM a été interviewé par l’animateur radio couvrant l’événement, ce qui lui a permis de présenter notre objectif et nos activités.

La journée, dans un lieu agréable et une température clémente, dans une ambiance conviviale, a été ponctuée de musiques antillaises et de chants traditionnels accompagnés de gros ka

Ce fut globalement une belle « foulée », nous étions satisfaites de notre participation

Nora

Célébration de Norouz durant l’assemblée générale du 22 mars 2019

NoraLe vendredi 22 mars, Femmes au-delà des mers a organisé une assemblée générale, occasion pour nous d’échanger concernant les différents projets à venir et de faire le bilan de 2018.

Nous tenons à remercier tous les membres présents ainsi que Madame Nahideh Anzalichi de nous avoir présenté Norouz, à savoir la célébration du Nouvel An et de l’arrivée du printemps en Iran lors de ce moment convivial.

Norouz vient du mot « no » signifiant « nouveau » et « rouz » en persan, signifiant « jour ». Norouz symbolise alors un « nouveau jour » où l’arrivée du printemps et du Nouvel An persique permet d’entamer en nouveau départ dans la vie. Lors de cette célébration sont installés sept objets dont le nom commence par la lettre S, ce sont « les sept S », ou « Haft Sîn ». Parmi ces sept éléments se trouvent :

  • « sabzeh», germes de blé poussant dans un plat et symbolisant la renaissance
  • « samanou», une pâte sucrée fait de blé germé et symbolisant l’abondance
  • « senjed», fruit séché du jujubier, symbolisant l’amour
  • « sîr», de l’ail représentant la médecine
  • « sîb», des pommes, signes de beauté et de bonne santé
  • « somaq», baies de sumac aux couleurs du lever du soleil et symbolisant la santé
  • « serkeh», vinaigre, signe de la patience et de l’âge
  • « sonbol», une fleure de jacinthe symbolisant l’arrivée du printemps
  • « sekkeh», une pièce, d’or ou non, signe de prospérité et de santé

Norouz-accordeonLa démonstration effectuée par Nahideh Anzalichi s’inscrit dans la mission de partage et de transmission qu’entreprend Femmes au-delà des mers, et ceci bien plus que dans la communauté ultramarine. Norouz fut donc pour nous l’occasion d’apprendre d’autres coutumes et de commencer une année associative riche en projet, du bon pied.

André Cros — Cette photographie provient du fonds André Cros, conservé par les archives municipales de la ville de Toulouse et placé sous licence CC BY-SA 4.0 par la délibération n°27.3 du 23 juin 2017 du Conseil Municipal de la Ville de Toulouse.

Christiane Eda-Pierre, chanteuse lyrique

André Cros — Cette photographie provient du fonds André Cros, conservé par les archives municipales de la ville de Toulouse et placé sous licence CC BY-SA 4.0 par la délibération n°27.3 du 23 juin 2017 du Conseil Municipal de la Ville de Toulouse.
André Cros — Cette photographie provient du fonds André Cros, conservé par les archives municipales de la ville de Toulouse et placé sous licence CC BY-SA 4.0 par la délibération n°27.3 du 23 juin 2017 du Conseil Municipal de la Ville de Toulouse.

Christiane Eda-Pierre est née en 1932 à Fort-de-France à la Martinique, où il n’y avait pas de Conservatoire, pas de professeur de chant lyrique, ni de personne ayant tenu des rôles dans un opéra.

Les conditions n’étaient pas requises pour que celle qui allait interpréter l’éblouissante Constance de L’Enlèvement au Sérail sous la baguette de Karl Böhm, put même rêver de devenir chanteuse d’opéra.

Le chant vint à Christiane Eda-Pierre telle une prophétie écrite dans son destin. La jeune martiniquaise, élève de piano depuis ses premières années, partit après son baccalauréat pour la Métropole afin de développer ses talents de pianistes et de pouvoir revenir par la suite à Fort-de-France pour l’enseigner.

Christiane Eda-Pierre fit un peu de chant à son arrivée, mais plus par plaisir que par ambition, « sans intention aucune de faire de l’opéra, tout simplement parce que j’étais noire, que je pensais que ce n’était pas pour moi ». Elle confie d’ailleurs avoir entendu parler de Marian Anderson et des difficultés terribles que cette dernière avait eues aux Etats-Unis.

Jean Planel, son premier professeur de chant, repère au bout d’une année celle qui ne se destinait qu’au piano et la retint à la fin d’un cours pour lui dire : « Je ne pense pas vous faire progresser davantage. Je vais vous présenter Charles Panzéra, qui est un grand chanteur et un excellent pédagogue. »

La jeune Christiane Eda-Pierre ne comprend pas bien encore ce que lui veut ce professeur en la dirigeant vers un ténor d’une pareille qualité et d’une semblable réputation. Intriguée et obéissante, elle se rend tout de même, chez celui qui après quelques mois de cours particulier allait la présenter au Conservatoire et dont elle allait devenir la plus brillante élève.

Du Conservatoire à la scène : Christiane Eda-Pierre à la conquête des Opéras

Elève au Conservatoire, Christiane Eda-Pierre ne le sera d’ailleurs qu’au bout de sa troisième tentative – « les premières présentations étaient trop prématurées, quand je me réécoute, c’était une horreur ! » confie-t-elle. Néanmoins, une fois reçue, la future soprano colorature obtiendra toutes ses récompenses, prix de scène compris, en trois années au lieu de cinq.

Moins d’un an après l’obtention de son prix du Conservatoire, en juillet 1957, Christiane Eda-Pierre fait ses débuts dans son premier rôle à Nice, en 1958, et interprète Leïla dans Les Pêcheurs de perles. Cette première prestation est immédiatement repérée et les rôles, de plus en plus prestigieux, s’enchaînent.

Gabriel Dussurget, en 1959 lui demande de chanter Papagena dans La Flûte enchantée au Festival d’Aix aux côtés du grand Erich Kurtz en Papageno. En 1960, Christiane Eda-Pierre est engagée par l’Opéra-Comique et prend part à la seconde distribution de Lakmé, puis tiendra notamment les rôles de Rosine, Olympia, Violetta. Christiane Eda-Pierre garde un souvenir ému de ce travail de troupe, ainsi que de quelques anecdotes saugrenues.

Elle se rappelle notamment d’un délégué syndical qui avait exigé qu’elle cesse de travailler en dehors des heures qui étaient stipulées dans son contrat, ce à quoi elle avait répondu vertement : « C’est moi qui chante et c’est moi qui me ferais siffler si je ne suis pas au point. »

Auprès des plus grands : Rolf Liebermann et Karl Böhm

Lors de ses représentations, Joan Ingpen, directrice artistique de Rolf Liebermann à l’Opéra de Paris était venue incognito pour l’écouter chanter. Lorsque l’Opéra-Comique ferma ses portes en 1972, l’Opéra Garnier lui proposa de chanter l’Amour dans Orphée et Eurydice avec Nicolaï Gedda dans la production de René Clair, puis le rôle d’Eurydice.

Elle enchaina les distributions élogieuses avec L’Enlèvement au Sérail, puis Les Contes d’Hoffmann et s’imposera tant bien en Lucia dans Lucia di Lammermoor, qu’en Gilda dans Rigoletto. Christiane Eda-Pierre travailla également avec les plus grands chefs d’orchestre : Karl Böhm, Georg Solti et enregistra avec Colin Davis.

« Monsieur Liebermann » comme Christiane Eda-Pierre l’appelle encore, avait décidé de monter L’Enlèvement au Sérail spécialement pour elle et avait ainsi engagé Stuart Burrows, Kurt Moll et surtout le grand Karl Böhm. Karl Böhm émit la condition, avant d’accepter, de venir avec la distribution de l’intégrale qu’il venait d’enregistrer, comprenant Arleen Auger en soprano.

Rolf Liebermann répondit que ce serait Christiane Eda-Pierre et que si cela n’allait pas à Böhm, il trouverait un autre chef d’orchestre. Böhm, piqué au vif, accepta quand même. Lors de la première répétition, Karlheinz Böhm, le fils du maestro, qui jouait le Pacha Sélim, vint voir Christiane Eda-Pierre afin de la mettre en garde : « Attention, il va essayer de vous déstabiliser, surtout ne vous laissez pas faire. ».

Cette mise en garde fut pertinente puisqu’au début du second air de Constance, Christiane Eda-Pierre ne comprenant pas la mesure, Karl Böhm lui dit de manière cinglante : « Ein, Zwei… » (Comprendre « Un, deux » en allemand). Vexée, Christiane Eda-Pierre s’avança jusqu’à l’avant-scène et lui répondit : « Je ne comprends pas ce que vous faites. Si vous dirigiez plus clairement, je comprendrais. »

Christiane Eda-Pierre finit par avoir raison du caractériel génie qui, selon son expression, « faisait peu de geste lorsqu’il dirigeait, mais qui, quand le forte arrivait, se levait comme un diable qui sort de sa boîte et l’orchestre devenait alors voluptueux, extraordinaire. »

Christiane Eda-Pierre, eut également l’honneur de travailler avec des metteurs en scène d’avant-garde tel que le prestigieux Patrice Chéreau dans Les Contes d’Hoffmann ou encore Jorge Lavelli dans Le Carnaval de Venise. Elle interprète Alcina à Aix dirigé par ce même Lavelli, mais aussi Dardanus à Garnier.

Une artiste investie, une image maîtrisée

La cantatrice fut toujours prudente dans le choix de ses rôles. En effet, elle raconte : « La voix est tellement délicate. On met tant de temps à essayer de la parfaire et si peu de temps à la démolir parce qu’on va chanter ce qui n’est pas pour soi. ».

Même si elle a voué une admiration à certaines grandes voix (Joan Sutherland, Leontyne Price, Shirley Verrett, Renata Scotto), elle s’est toujours gardée de n’en prendre aucune pour modèle pour cause : « Lorsqu’on a un modèle, on a tendance à vouloir l’imiter et la pente est vite dangereuse.»

La Martiniquaise, grande mozartienne, eut l’un des plus vastes répertoires allant du soprano au baroque en passant par le contemporain, le bel canto et l’opéra français. Elle créa notamment le rôle de l’Ange dans Saint François d’Assise de Messiaen. Sa curiosité l’empêcha de se limiter à un genre particulier.

Elle a encore aujourd’hui quelques regrets dont celui de n’avoir pas chanté Aïda, par exemple, ou Elisabeth de Don Carlos, alors qu’elle a quitté la scène. Mais elle demeure philosophe et aime à répondre, face aux questionnements d’une carrière plus longue, que si elle avait cherché à « durer », la suite de sa carrière n’aurait sans doute pas été aussi belle.

Ce n’est finalement pas dommage que ses problèmes de dos l’aient contrainte à se retirer, refusant de s’engager avec Gérard Mortier dans la nouvelle saison d’Opéra à Bruxelles en 1986.
« Ainsi, après l’Opéra-Comique, l’Opéra de Paris et sa grandiose carrière internationale qui l’emmena chanter à Londres, Lisbonne, New York et bien d’autres endroits ; après plus d’une vingtaine de rôles et la création du Saint François d’Assise de Messiaen, Christiane… »), Christiane Eda-Pierre prit sa retraite de soprano.

Elle souhaita rendre ce qui lui avait été donné, permettre à d’autres d’acquérir ce qui lui avait été transmis et fit le choix de devenir professeure au Conservatoire national supérieur de Paris, de 1977 à 1997, puis à la Schola Cantorum de Paris, où elle contribua à former plusieurs artistes de renommée internationale, parmi lesquels la grande Nora Gubisch et Sylvie Valayre.

En 2015, dans les salons Louis Delgrès, une grande soirée d’hommage fut organisée par ses anciens élèves et la Ministre des Outre-mer. Un magnifique documentaire réalisé par Jil Servant lui a été consacré récemment, Les choix d’Eda. Aujourd’hui, Christiane Eda Pierre confie, dans son célèbre rire mêlé de larmes, : « Maintenant, je fais autre chose. Je ne m’ennuie pas. Je vis à la campagne. Je ne peux pas venir à Paris voir tout ce que j’aimerais, même si je viens quelque fois, mais j’ai la chance d’avoir Mezzo et Arte ce qui me permet de me tenir au courant de ce qui se passe dans le monde de l’opéra. Je n’ai pas de regrets. Je suis très heureuse, vraiment. »